Par Laurent Lévy
Le formidable et émouvant film Berlinguer, la grande ambition [2024, de Andrea Segre, avec dans le rôle du secrétaire-général du Parti communiste italien de 1972 à 1984, Elio Germano] a paru en France au moment où est publié mon livre Histoire d’un échec – la stratégie « eurocommuniste » du PCF (1968-1978) [2005, Arcane17].
Ces deux expériences - bien qu'elles se soient soldées par des échecs - ont encore des choses à nous apprendre. Elles sont bien sûr très différentes. Ce qui explique qu’une même étiquette « eurocommuniste » ait pu leur être accolée, c’est que dans les deux cas, de grands partis communistes s’efforcent de définir des « voies démocratiques au socialisme » et insistent sur le caractère démocratique que ce socialisme doit lui-même revêtir. Ils affirment que leurs stratégies doivent être autonomes, ne pas dépendre d’un quelconque « centre » du mouvement communiste international. Cela comporte tensions et ruptures à l’égard du PC de l’URSS (des épisodes passionnants du film Berlinguer en témoignent).
Le cas italien, dont le film raconte la séquence 1973-78, est celui d'un pays miné par des contradictions qui tournent au drame, entre des attentats fascistes et l'aventure des Brigades Rouges. Le PCI à cette époque pouvait revendiquer 1,7 millions d’adhérent·es.
Le PCF ne s’affranchit que trop lentement d’une conception « étapiste » du changement, héritage d’un long retard pris dans sa pensée stratégique. La déstalinisation, dont l’eurocommunisme est un autre nom, fut trop chaotique et improvisée pour être réalisée en temps utile.
Pour comprendre hier et penser aujourd’hui on peut souhaiter que ces débats se poursuivent.
Le livre de Laurent Lévy à la librairie La Brèche
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